Prague est incontestablement l’une des plus belles villes d’Europe. Une foule immense de visiteurs se pressent chaque année dans la capitale tchèque, attirée par ses splendeurs baroques. Si le château, la cathédrale, le quartier juif ou encore le pont Charles sont des escales incontournables, elle n’a pas révélé tous ses secrets. En effet, elle recèle d’autres sites surprenants seulement connus des initiés, que vous aurez plus de chance de découvrir fortuitement au détour d’une ruelle. Ils offrent une autre image de Prague, parfois décalée, quelques fois insolite, mais toujours attachante. Voici quelques-uns de ces endroits aux charmes insoupçonnés, pour une échappée hors des sentiers battus dans « la ville aux cent clochers ».

Le parc Letná

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Le parc Letná est un bel écrin de verdure situé sur un plateau surplombant la ville. Riche en histoire, on pourrait dire qu’il a eu plusieurs vies. Avant son aménagement en 1858, c’était un point stratégique pour les troupes ennemies qui y ourdissaient leurs attaques contre le château de Prague. Il a été également utilisé comme un camp d’entraînement et de manœuvres militaires, puis, à compter de 1948, le lieu des célébrations officielles dont le traditionnel défilé du 1er mai. Au milieu du parc, vous pourrez apercevoir un gigantesque métronome de 23 mètres de haut, érigé en 1991 pour illustrer le temps qui passe. Il a été dressé à l’endroit exact où se tenait une statue de Staline, détruite à la dynamite en 1962. Les jardins de Letná sont aujourd’hui une halte idéale pour une promenade vivifiante à travers des petites allées bordées de platanes et de peupliers, ou pour apprécier une vue panoramique sur la capitale tchèque. Des pistes ont été aménagées pour les sportifs, notamment les cyclistes, les patineurs et les passionnés de skateboard. Vous pourrez vous accorder un intermède gourmand à la terrasse du pavillon Hanavskýn, une bâtisse Art nouveau construite en 1898, ou au Beergarten, une brasserie en plein air.

Le musée Speculum Alchemiæ

Et si la fascination exercée par Prague était un sortilège des alchimistes ? Tout porte à la croire en visitant l’étrange musée Speculum Alchemiæ, situé dans la rue Haštalská. Il s’agit en réalité d’un laboratoire d’alchimiste daté du XVIe siècle, découvert par hasard à la suite des inondations de 2002. Il était astucieusement dissimulé dans le sous-sol d’une bibliothèque, auquel on accède en faisant pivoter une petite statue. Le laboratoire contient des fourneaux, des étagères où sont alignés des grimoires, des bouteilles et des crânes, ainsi qu’un crocodile momifié suspendu au plafond. C’est dans cet endroit secret que se déroulaient les expériences pour trouver la formule de la pierre philosophale que l’on croyait avoir le pouvoir de transformer le plomb en or, et créer des philtres d’amour ainsi que des élixirs d’immortalité. On raconte également que l’alchimiste Edward Kelley y préparait en cachette les potions pour soulager les accès de mélancolie de l’empereur de Rodolphe II. Des tunnels mènent d’ailleurs directement du laboratoire au château. Une autre voie a été creusée vers un petit bois à l’extérieur de la ville pour faciliter une évasion, car l’alchimie était une science réprimée très sévèrement durant l’Inquisition. Même devins, les alchimistes préféraient prévenir l’avenir.

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La tour de télévision de Žižkov

La tour de télévision de Prague est située dans le quartier de Žižkov, bien connu pour ses bars et ses discothèques branchés. Construite en 1985, ce monument moderniste de 216 mètres est le plus haut de la ville – et peut-être le plus bizarre. En effet, sa façade offre le spectacle inhabituel de dix bébés géants en train de grimper vers le sommet. Ces créatures cauchemardesques sont des œuvres du célèbre artiste tchèque David Černý, qui les a disposés en 2000 le long des piliers qui composent l’édifice. Si les bébés semblent minuscules vus de loin, ils mesurent en réalité 2,6 mètres de haut et 3,50 mètres de long. Vous découvrirez leurs répliques grandeur nature au parc Kampa, à proximité du musée éponyme et du pont Charles. La tour comporte un observatoire situé à plus de 90 mètres du sol, où vous pourrez profiter d’une vue panoramique sur Prague et par beau temps, les crêtes des Monts des Géants. La nuit, elle s’illumine de couleurs bleu, blanc et rouge, rappelant le drapeau de la République Tchèque.

L’abri antiatomique Bezovka

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Le quartier de Žižkov n’a pas fini de vous surprendre. En effet, il possède un joli parc boisé sur la colline de Parukářka, où il fait bon de se ressourcer loin de la frénésie urbaine. Il est difficile de soupçonner qu’à 20 mètres sous terre se cache l’abri antiatomique de Bezovka, le plus grand bunker de Prague. Bâti en 1955, il peut contenir jusqu’à 5 000 personnes. Après la chute du communisme, il a été reconverti en musée de la guerre froide, exposant une vaste collection d’objets de l’époque. Vous y trouverez des uniformes, des masques à gaz, des journaux, des trousses médicales ou encore des drapeaux qui vous donneront l’impression de faire un pas dans le passé, quand les Praguois vivaient dans la peur d’une menace nucléaire imminente.

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Le mur Lennon

John Lennon imaginait beaucoup, mais certainement pas un mur à Prague qui porterait son nom. Bien qu’il n’y soit jamais venu, l’ancien Beatles était très populaire auprès des étudiants tchèques pour ses prises de position pacifistes, et il était rapidement devenu pour eux un symbole de liberté. Lorsque le chanteur a été assassiné en 1980, c’est tout naturellement qu’ils ont décidé de lui rendre hommage, en écrivant sur une façade les paroles de ses chansons. Les graffitis se sont ensuite tellement multipliés que le régime communiste, qui interdisait sévèrement la musique occidentale, a essayé à plusieurs reprises de blanchir le mur à la chaux. En vain. La nuit, les étudiants revenaient en douce, et se remettaient à gribouiller des poèmes, des fleurs, ainsi que des messages traduisant leurs rêves, leurs espoirs ou pour dénoncer le pouvoir en place. Même l’installation d’une caméra de surveillance, ou encore la présence d’un gardien de nuit n’ont pu dissuader les jeunes Tchèques de braver les autorités. Au-delà d’un bras de fer non-violent entre des étudiants rebelles et les autorités, le mur Lennon est avant tout un mémorial symbolisant la liberté d’expression. Aujourd’hui encore, on vient y graver des messages de paix et d’amour.

La ruelle d’Or

La ruelle d’Or est une artère pittoresque aménagée dans les fortifications du château de Prague. Elle est remarquable pour ses maisonnettes colorées, édifiées vers la fin du XVIe siècle pour accueillir les meilleurs arbalétriers de l’empire et leur famille. Celles-ci sont restées occupées, jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ces demeures ont ensuite été reconverties en boutiques et en salles d’expositions présentant des meubles, des objets et des artefacts de différentes époques. Des personnalités tchèques ont vécu dans la ruelle d’Or comme les écrivains Jaroslav Seifert, récompensé du prix Nobel, Franz Kafka, qui a résidé au n°22 de 1916 à 1917 et l’historien Josef Kazda, connu pour avoir sauvé de la destruction des milliers de films pendant l’occupation nazie. La ruelle d’Or est parfois appelée la « rue des alchimistes », bien qu’elle n’ait jamais été mêlée à des sciences occultes. Elle doit plutôt son nom aux orfèvres, qui sont venus s’y installer au XVIIe siècle.

Le fossé aux Cerfs

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Le fossé aux Cerfs, ou Jelení příko, est un parc verdoyant situé dans les douves du château de Prague. Caché des regards, ce ravin naturel de 8 hectares invite à la flânerie à travers ses bois ombragés, ou le long du ruisseau Brusnice. Il est traversé par un tunnel piéton en briques qui mène directement vers le nord du château. Le fossé aux Cerfs s’appelle ainsi en raison des cerfs que l’empereur Rodolphe II y faisait élever pour la chasse. On raconte même que l’empereur Charles VI tirait directement sur les animaux depuis les fenêtres de la salle espagnole de son palais.

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Le monastère de Strahov

Le monastère de Strahov a été fondé en 1143 par Vladislav II de Bohême sur les hauteurs de Prague. Il abrite une magnifique bibliothèque contenant plus de 200 000 ouvrages, dont 3 000 manuscrits et un millier d’estampes, un cabinet de curiosités recelant quelques cadavres d’animaux, ainsi qu’une salle de philosophie et une salle de théologie ornées de fresques au plafond et de meubles anciens, où le temps semble ne pas avoir de prise. Ce cloître permet également d’apprécier une jolie vue panoramique sur Prague. Aujourd’hui, une vingtaine de moines y vivent encore, fabriquant une bière artisanale appelée Matuška

La rue Vinarna Certovka

La rue Vinarna Certovka est située dans le centre de Prague, à un jet de pierre du pont Charles. Il s’agit de la ruelle la plus étroite de Prague, s’étendant sur seulement 50 centimètres de largeur. Il est donc pratiquement impossible de s’y croiser, à l’instar de cette touriste allemande assez forte qui y serait restée coincée. Il aurait fallu l’enduire de savon pour pourvoir enfin l’en déloger. Nul ne sait si l’histoire est avérée, ou si c’est une légende urbaine. Quoiqu’il en soit, elle dispose maintenant d’un feu pour piétons permettant de circuler librement dans l’artère, afin d’éviter tout risque de collision entre passants.

L’église Notre-Dame-de-la-Victoire

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L’église Notre-Dame-de-la-Victoire est un édifice baroque fondé en 1611 dans le quartier de Malá Strana. Elle abrite une petite statue en cire de 45 centimètres de haut représentant l’Enfant Jésus. Parfois appelée Bambino di Praga, cette figurine réputée miraculeuse est adorée par des milliers de pèlerins à travers le monde. L’Enfant Jésus possède trois couronnes et une riche garde-robe composé d’une soixantaine de vêtements. La tradition veut qu’il change de robe pour chaque événement liturgique comme un habit blanc pour Pâques, ou un costume pourpre pour le Carême. Pour la petite histoire, l’une de ses robes aurait été cousue par l’impératrice Marie-Thérèse, la mère de la reine de France Marie-Antoinette.