Une ville abandonnée captive et terrifie à la fois. En effet, il est toujours difficile d’imaginer qu’elle ait pu, à un moment donné de son histoire, abriter une communauté et être prospère. Pour une raison ou une autre, les habitants l’ont quittée un jour pour aller chercher fortune ailleurs et la nature y a repris ses droits. Beaucoup de ces villes subsistent, donnant un aperçu de leur splendeur d’autrefois et d’une époque révolue. Si vous avez envie d’une escapade hors des sentiers battus, voici les douze villes fantômes les plus fascinantes au monde – qui vous hanteront pendant longtemps.
Prypiat, Ukraine
Prypiat est une localité située à seulement 3 kilomètres de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Fondée en 1970, elle comptait 49 000 habitants et faisait partie des villes les plus prospères d’Ukraine – et même de l’Union Soviétique. Toutefois, tout a basculé le 26 avril 1986, avec la terrible explosion du réacteur n°4 de la centrale nucléaire. Prypiat a dû immédiatement être évacuée et depuis trois décennies, elle a complètement été laissée à l’abandon. Elle est aujourd’hui envahie d’une forêt exubérante qui attire des animaux sauvages comme des cerfs, des sangliers et des loups. Seuls quelques explorateurs urbains tentent encore de s’aventurer dans les rues désertes et les bâtiments délabrés. Ils remarqueront que toutes les horloges se sont arrêtées à 11h55, heure à laquelle la vie s’y est arrêtée.
Craco, Italie
Craco est un petit village situé en Basilicate, dans le sud de l’Italie. Il a été fondé vers 540 ap. J.-C sur un rocher escarpé de 400 mètres haut, ce qui permettait de guetter les attaques barbares dans la vallée. Cette situation stratégique a toutefois des inconvénients, puisque Craco est exposé aux tremblements de terre et aux glissements de terrain. De ce fait, elle a été complètement vidée de ses habitants en 1975 suite à une vague d’éboulements. Aujourd’hui, l’accès à la localité est toujours interdit mais son paysage de ruines en a fait un décor privilégié pour des films comme La Passion du Christ et James Bond : Quantum of Solace.
Kolmanskop, Namibie
Kolmanskop est un village localisé dans le désert de Namib, en Namibie. Il a été construit en 1908 par des trappeurs allemands, attirés par la fièvre du diamant. On dit que les pierres précieuses y étaient si abondantes qu’il suffisait de se pencher pour les ramasser à mains nues. Durant ces glorieuses années, la localité était équipée d’usines à glace, d’hôpitaux, de casinos et de théâtres. Puis, à la fin de la Première Guerre mondiale, un nouveau gisement de diamants, encore plus important, a été découvert dans la ville d’Oranjemung. Kolmanskop a finalement été abandonné en 1956, le condamnant au silence du désert.
Ross Island
Ross est une petite île faisant partie de l’archipel d’Andaman-et-Nicobar, dans la baie du Bengale. Au XIXe siècle, elle abritait une colonie britannique, qui était venue y établir un camp de prisonniers indiens. Elle était dotée de riches infrastructures pour un endroit reculé, comme des salles de bal, des magasins, des piscines, des boulangeries, des courts de tennis, des théâtres – si bien qu’on l’a surnommée le « Paris de l’Orient ». Toutefois, en 1941, l’île a été successivement victime d’un tremblement de terre et de l’invasion japonaise, forçant le départ des habitants. Elle a finalement été rattachée à l’Inde en 1979, qui y a établi une petite base navale.
Gunkan-jima, Japon
Gunkan-jima (ou Hashima) est une île fantôme située à environ 20 kilomètres au large de Nagasaki. Au début des années 1900, la Mitsubishi Corporation a racheté l’île pour y exploiter un gisement de houille sous-marin. La firme a fait venir des mineurs ainsi que leurs familles, favorisant l’éclosion d’immeubles résidentiels, d’écoles, de magasins et de restaurants. En 1959, la population de l’île atteignait 5 259 habitants, soit autant que Tokyo à l’époque en termes de densité. Puis, dans les années 1960, le charbon a été progressivement remplacé par le pétrole et la mine a été définitivement fermée en 1974. L’île est restée abandonnée pendant 25 ans, en proie au vent marin et à la végétation. Elle a finalement été rouverte aux visites en 2009, et a même été inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2015.
Pegrema, Russie
Pegrema est un village abandonné situé à 10 kilomètres d’Unitsa, dans la république de Carélie, en Russie. Il est caractérisé par de grandes maisons paysannes en bois du XVIIIe siècle avec des façades tournées vers le lac Onega. On sait peu de choses sur les raisons qui ont poussé les habitants à partir, ni ce qui leur est arrivé. Depuis, l’absence et le temps ont dégradé les huttes, à l’exception de la chapelle Varlaam Khutynsky, bâtie en 1770, qui est restée étrangement intacte. Celle-ci a néanmoins été vidée de ses icônes, probablement après la Révolution russe.
Detroit, Michigan, États-Unis
Dans les années 1950, Détroit était une ville si prospère qu’elle a été surnommée le « Paris de l’Ouest » ou encore « Motor City ». En effet, son économie reposait sur la construction navale et l’industrie automobile avec des firmes prestigieuses comme Ford, General Motors, Chrysler ou Dodge. La récession du début des années 2000 a marqué une forte chute des achats de voiture et les constructeurs automobiles ont été forcés de mettre la clé sur la porte. Faute d’emplois, Detroit est passée de 2 000 000 à 700 000 habitants et a finalement déclaré faillite en 2013 avec des dettes avoisinant 20 milliards de dollars. La cité prospère est devenue un fascinant dédale de bâtiments vides et décrépits, image même du délabrement urbain.
Pyramiden, Norvège
Pyramiden est une ville minière nichée sur l’île Spitzberg, dans l’océan Arctique. Elle a été rachetée par la Russie à la Suède en 1926 afin d’exploiter les gisements de charbon. On y dénombrait alors 2 500 habitants, principalement composés de mineurs ukrainiens et de leurs familles. Puis, en 1998, les compagnies houillères ont fermé et la population a subitement quitté les lieux. Cette impression est renforcée à la vue ici et là d’un livre ouvert, des affiches sur les murs, de jouets jonchant le sol, d’un vieux piano ou d’une bouteille de vodka entamée. La statue de Lénine, considérée comme la plus septentrionale au monde, veille toujours sur la place principale et le glacier Nordenskiold. On estime que Pyramiden restera encore en l’état dans 500 ans grâce à la rigueur du climat arctique – soit bien plus longtemps que toute autre construction humaine moderne.
Ağdam, Azerbaïdjan
Ağdam est une ville située dans le Haut-Karabagh, une région arménienne rattachée en 1921 à l’Azerbaïdjan pendant la période soviétique. Après l’effondrement de l’Union soviétique en 1990, l’Arménie a donc décidé de reprendre ce territoire et l’a envahi en 1993. La population d’Ağdam, composée d’environ 40 000 habitants, a été obligée de fuir les lieux sous une pluie d’obus. La cité martyre est désormais un vaste champ de ruines envahi par les mauvaises herbes où errent encore quelques chèvres sauvages. Seule la mosquée, qui sert à entreposer le bétail, est restée étrangement indemne. Ağdam est devenue une zone tampon contrôlée par l’armée arménienne et aussi une destination insolite pour les voyageurs désireux de connaître « l’Hiroshima du Caucase ».
Chaitén, Chili
Chaitén était une ville portuaire dynamique sise dans le sud du Chili, et recensait jusqu’à 10 000 habitants. En 2008, elle a brusquement été vidée de ses habitants en raison de l’éruption du volcan du même nom, pour la première fois depuis 9 000 ans. Aucune victime n’a été à déplorer, mais 90% des maisons ont été ensevelies sous des coulées de lave. De plus, les eaux du Rio Blanco ont dévié de leur cours, inondant la ville. Enfin, les nuages de cendres ont rendu l’air irrespirable, rendant obligatoire le port d’un masque. La population locale a bien essayé d’y revenir, mais la zone reste très dangereuse. De ce fait, le gouvernement chilien a décidé de construire une nouvelle Chaitén dans le nord du pays.
Consonno, Italie
Consonno est une petite ville située à 50 kilomètres au nord de Milan. Elle aurait pu être le Las Vega italien, si la nature n’y avait pas mis son grain de sel. En 1965, un entrepreneur du nom de Mario Bagno a décidé de construire en cet endroit une station balnéaire comprenant des casinos, des discothèques, des hôtels et des centres commerciaux. Pour y parvenir, il a fait raser un petit village, forçant du même coup la population à déménager. Alors que la plupart des bâtiments étaient presque terminés, un glissement de terrain a détruit la route principale menant à Consonno. Cela a sonné le glas du projet et il ne reste plus que des bâtiments désuets recouverts de graffitis et des souvenirs de ce qui devait être le « Pays des Jouets ».
Bodie, Californie, États-Unis
Bodie est une localité abandonnée sise à 2 550 mètres d’altitude sur la Sierra Nevada – qui abrite aussi le parc Yosemite, en Californie. La ruée vers l’or à favorisé la création d’une ville dans ces grands espaces sauvages. En 1880, elle comptait jusqu’à 10 000 âmes et était la deuxième plus grosse ville de l’État après San Francisco. Elle comprenait notamment des banques, des saloons, des églises, un bureau de poste et même un quartier chinois. Les conditions climatiques, l’épuisement des ressources minières et un terrible incendie en 1932 ont décidé les derniers habitants à quitter Bodie. Il reste de nos jours des maisons désertées recelant encore des meubles, des ustensiles et des effets personnels, comme si la vie y était restée en suspens.