Connaissez-vous Glass Beach ? Située sur la côte californienne, cette plage de galets est constellée de magnifiques petits cailloux colorés qui miroitent au soleil. Les restes d’un trésor ? Des pierres précieuses échappées d’un coffre de pirate dont le bateau aurait fait naufrage sur cette côte déchiquetée, quelques siècles auparavant ? Un décor de rêve et pourtant si vous saviez…

On plante le décor : la Californie méconnue
Les États-Unis, la côte ouest, la Californie bordée par l’océan pacifique, le bout du monde, des plages idylliques tant vantées à travers les reportages et dans les magazines ! Fort Bragg, une ville située sur le littoral, un site majestueux, mais quant à lui sauvage, une côte aux panoramas spectaculaires. La vue est imprenable et de nombreux sentiers pédestres permettent de sillonner les falaises environnantes situées dans le parc d’État MacKerricher.
Enfin, une plage ou plus exactement 3 anses à l’accès facile pour l’une et plus malaisé pour les suivantes et un seul même nom évocateur : Glass Beach, la plage de verre.
Sous les ardents rayons du soleil californien, les innombrables pierres de couleur, polies par la mer, étincellent et brillent de mille feux, un enchantement. Le coucher du soleil est, paraît-il, grandiose. Certains promeneurs estiment que même sous la pluie (car il pleut en Californie et même plus souvent qu’on ne le croit), Glass Beach mérite le détour car le site est incomparable, extraordinaire.
Un phénomène étrange : des galets multicolores !
Attention car le choc va être rude, à la hauteur de la beauté des lieux. Ces merveilleux morceaux de verre aux couleurs de l’arc-en-ciel sont en fait… les résidus d’une ancienne décharge publique !
Pendant de nombreuses années, les habitants de Fort Bragg et des environs avaient pour habitude de venir jeter leurs ordures ménagères en haut des falaises. Pêle-mêle, vous pouviez trouver : des détritus, de l’électroménager, des voitures… Une véritable décharge sauvage, à ciel ouvert et dans la mer.
Enfin conscientes du désastre écologique en cours, les autorités ont décidé à la fin des années 60 d’interdire le dépôt d’encombrants et d’ordures sur les plages et de construire une véritable décharge dans un lieu plus approprié. Des opérations d’envergure de nettoyage ont eu lieu, mais il fut impossible de trouver un moyen pour éliminer les millions de tessons d’objets du quotidien qui jonchaient les lieux.
Quelques décennies plus tard, les œuvres conjuguées du temps, des conditions météorologiques et du ressac ont permis de magnifier ces débris, de les polir et de les transformer en gemmes « précieuses ». L’ancien dépotoir est alors devenu un lieu renommé, encensé pour sa beauté étincelante, une plage aux couleurs chatoyantes. Les rares « rubis » qui subsistent encore proviennent vraisemblablement des feux arrière des voitures, les diamants et les émeraudes, du verre de bouteille, quant aux saphirs, des fioles d’apothicaire !
On prend un verre ?
Devenus célèbres, les lieux ont attiré de plus en plus de visiteurs qui malheureusement souhaitaient pour la plupart, rapporter un « petit souvenir ». Des artistes ont même réalisé des tableaux et des sculptures avec ces reliquats d’ordures devenus des bijoux de verre puis des œuvres d’art.
Face au pillage de la plage, des mesures ont été édictées. Ainsi le règlement du parc stipule qu’il est formellement interdit de ramasser ces petits bijoux de pacotille qui rendent cette plage insolite et unique. Si vous transgressez ces règles, il vous en coûtera entre 100 et 1 000 $. Pour un bout de verre poli, un cher souvenir !
Prévoyez une visite à marée basse pour admirer un maximum de trésors. Certains vacanciers se sont fourvoyés et n’ont pas trouvé la plage. La plus accessible est désormais la moins colorée alors soyez persévérants et éloignez-vous des espaces les plus fréquentés !